PFAS : les emballages et les perturbateurs endocriniens

Les PFAS (PerFluoroAlkylSubstances) font partie d’une grande famille de perturbateurs endocriniens dont les plus connus sont le PFOA et le PFOS. MĂȘme si le seuil de toxicitĂ© n’est pas encore dĂ©terminĂ©, de nombreuses Ă©tudes ont prouvĂ© leur toxicitĂ© et permettent de les classer dans les perturbateurs endocriniens. Ils favorisent cancer, troubles de la thyroĂŻde, et dĂ©rĂšglements hormonaux notamment.

Ils sont partout : vĂȘtements, ameublement, automobile, eau et alimentation, vaisselle jetable, emballages alimentaires
 leur prĂ©sence est dĂ©montrĂ©e, tout autour de nous. Nous revenons ici plus prĂ©cisĂ©ment sur les emballages.

Leur présence a été mise en évidence depuis quelques années, via des études qui ont mesuré le taux de PFAS existant chez des populations aux habitudes alimentaires reposant en grande partie sur la restauration rapide. Les résultats ont montré une sur-exposition aux PFAS et ont également permis de mettre en évidence la contamination par les emballages associés  [1].


Des PFAS dans les emballages ?

Oui. Les PFAS sont des composĂ©s hydrophobes et lipophobes qui ont un rĂŽle barriĂšre particulier sur ces derniers : enduit rĂ©sistant Ă  l’huile et au gras. Une Ă©tude amĂ©ricaine menĂ©e en 2017 sur 400 emballages et papiers Ă  usage alimentaire a montrĂ© que plus de la moitiĂ© des papiers d’emballage Ă  pain et Ă  dessert contenaient des PFAS. Il Ă©tait Ă©galement prĂ©sent dans presque 40% des papiers Ă  sandwich et hamburger ainsi que dans 20 % des cartons utilisĂ©s par exemple pour contenir les frites [2] [3].

Insistons : de nombreux emballages aptes au contact alimentaire sont concernĂ©s par les PFAS, dont surtout :

  • emballage papier pour pĂątisseries de tous types
  • emballage papier alimentaire pour restauration rapide (hamburger notamment)
  • cornets en carton Ă  popcorn ou Ă  frites…

Les principaux emballages concernés par les PFAS [1].

Quelle est l’ampleur du problùme ?

Une autre Ă©tude de rĂ©fĂ©rence, menĂ©e par 9 ONG affiliĂ©es Ă  six pays europĂ©ens (dont GĂ©nĂ©rations futures en France), a permis d’analyser 42 Ă©chantillons, dont 15 venaient de France. Il s’agissait d’emballages en provenance de chaĂźnes de restauration rapide, de vente Ă  emporter, de supermarchĂ©s ou d’entreprises de vente d’emballages alimentaires en ligne. Les principaux rĂ©sultats sont les suivants [4] [5] :

  • Les PFAS sont prĂ©sents dans tous les Ă©chantillons, au moins Ă  l’Ă©tat de traces.
  • 32 des 42 Ă©chantillons sont traitĂ©s intentionnellement aux PFAS.
  • 99% des polluants sont des perturbateurs endocriniens inconnus (1% seulement sont identifiĂ©s comme PFAS) ; c’est un problĂšme majeur pour lutter.
  • Les concentrations les plus Ă©levĂ©es ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans des produits Ă©tiquetĂ©s “biodĂ©gradables” ou “compostables”.
  • Dans les pays possĂ©dant une rĂ©glementation adaptĂ©e, aucun produit contenant des PFAS n’a Ă©tĂ© retrouvĂ© (c’est le cas du Danemark).

L’Ă©tude a par ailleurs montrĂ© que “le test d’Ă©cotoxicitĂ© rĂ©alisĂ© a confirmĂ© que les PFAS prĂ©sents dans certains Ă©chantillons d’emballages alimentaires testĂ©s avaient le potentiel de crĂ©er des dĂ©sĂ©quilibres des hormones thyroĂŻdiennes.”

Quelle législation, quelles actions ?

Aucune rĂšglementions n’existe actuellement en Europe pour les PFAS contenus dans les matĂ©riaux en contact avec les aliments. Les dispositions gĂ©nĂ©rales du rĂšglement europĂ©en (UE) 1935/2004 constituent Ă  ce jour la seule rĂ©fĂ©rence lĂ©gale. L’article 3 dĂ©finit que « les matĂ©riaux et objets en contact avec la denrĂ©e alimentaire ne doivent pas cĂ©der des constituants Ă  l’aliment en une quantitĂ© susceptible de prĂ©senter un danger pour la santĂ© humaine Â».

Pour cette raison, les ONG europĂ©ennes qui ont conduit cette Ă©tude demandent de « stopp(er) l’utilisation des PFAS pour toutes les applications qui ne sont pas essentielles Ă  la santĂ©, Ă  la sĂ©curitĂ© et au fonctionnement de la sociĂ©tĂ©. Leur utilisation dans les emballages alimentaires et la vaisselle jetables est un exemple de ces utilisations Ă©vitables ».

En attendant que l’UE construise une rĂ©glementation anti-PFAS qui inclue les emballages, il faut insister pour que les industriels (conditionneurs, restaurateurs notamment) se fournissent en emballages sans PFAS. Et c’est possible : l’offre est consĂ©quente.

RĂ©fĂ©rences :
[1] Dietary Habits Related to Food Packaging and Population Exposure to PFASs, Herbert P. & al., October 2019, doi.org/10.1289/EHP4092
[2] Les PFAS, ces substances nocives omniprésentes dans nos emballages alimentaires, S. Gibbens, octobre 2019, https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2019/10/les-pfas-ces-substances-nocives-omnipresentes-dans-nos-emballages-alimentaires
[3] Fluorinated Compounds in U.S. Fast Food Packaging, Laurel A. Schaider, Environ Sci Technol Lett. 2017; 4(3): 105–111, doi: 10.1021/acs.estlett.6b00435
[4] Emballages jetables : usage unique, pollution Ă©ternelle, EnquĂȘte europĂ©enne sur les PFAS dans les emballages alimentaires et la vaisselle jetables, Paris, le 20 mai 2021.
[5] throwaway packaging, forever chemicals European-wide survey of PFAS in disposable food packaging and tableware, Jitka Strakova, May 2021, ISBN 978-80-87651-93-3
> image Ă  la Une : licence creative common, MurrrPhoto, Pixabay

Tags : PFAS ; perfluoroalkylĂ©es ; polyfluoroalkylĂ©es ; acide perfluorooctanesulfonique ; PFOS ; acide perfluorooctanoĂŻque ; FFOA ; emballage ; Natural development

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